L'homme libre

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« Les états d’âme particuliers et personnels, le peuple n’en a cure », Ablassé Ouédraogo

 

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La décision du Conseil constitutionnel déclarant inéligibles 42 candidats appartenant aux partis CDP, ADF-RDA, NAFA, NTD, UPR et UBN est incontestablement l’actualité majeure de ces deux derniers jours. Au lendemain de cette décision qualifiée de « historique » par certains citoyens, Ablassé Ouédraogo, président du parti « Le Faso Autrement » et candidat à la présidentielle donne sa position. 

 

"Nous sommes dans une République, qui est gouvernée par des lois, des règles, des textes, dont la loi fondamentale et, pour le Burkina, la Charte de la transition est complémentaire. Et avec tout cela, nous avons le code électoral qui a été donc revisité le 7 avril dernier avec un nouveau code électoral qui couvre l’organisation des élections qui auront lieu le 11 octobre 2015 et le 31 janvier 2016. Cette loi électorale a été promulguée le 9 avril. Nous avons bénéficié d’un renforcement de cette loi électorale par la CEDEAO (à travers sa Cour de Justice) qui demande au Burkina de ne pas avoir une application aveugle du code électoral mais de cibler les responsabilités et de traiter chacun suivant les fautes. A l’étape actuelle du processus, les dossiers de candidature ont été déposés (tant les législatives que pour les présidentielles) et les textes de la République autorisent tous les citoyens (pour ce qui est des législatives), de faire des recours, s’ils contestent l’inéligibilité de l’un ou l’autre des candidats ; c’est ce qui a été fait. Et l’institution chargée de dire le droit sur ces recours, c’est le Conseil constitutionnel, qui a rendu donc une décision. Maintenant, ce qui a été décidé par le Conseil constitutionnel qui interdit à 42 personnalités (pour le moment) la possibilité d’être candidats pour les législatives, nous, nous disons que tous les Burkinabè ont le droit et le devoir, par patriotisme, de vouloir offrir quelque chose à la nation burkinabè. C’est pour cela que nous nous félicitions du nombre important de candidats. Et nous avons un regret, qui est qu’un certain nombre de personnalités politiques de notre pays, en voulant donc être candidats, ont posé des actes qui relèvent, j’allais dire, de la provocation voire même, de la témérité. Et cette catégorie de personnalités politiques qui donc, ont posé les actes téméraires et provocateurs-là, c’est l’ensemble des femmes et des hommes de notre pays, qui ont travaillé à mettre dans la tête du Président Compaoré, que l’article 37 de notre Constitution pouvait être modifié. Et de ce fait, l’aspiration du peuple au changement et à l’alternance devait être étouffée. Et cette catégorie de personnel politique qui a travaillé depuis février 2010 où des responsables du CDP ont indiqué clairement que l’article 37 de notre Constitution était anti-démocratique et qu’il fallait le modifier. Et ces personnalités-là, ce sont elles qui ont conçu, ce sont elles les instigatrices et les inspiratrices.

Ce sont elles qui, à partir de 2010, ont amené le Président Blaise Compaoré à foncer tout droit dans le mur. C’est l’ensemble de ce personnel-là, donc des concepteurs aux exécutants (et quand je parle d’exécutants, ce sont les membres du gouvernement qui étaient présents au Conseil des ministres du 21 octobre 2014, ce n’était même pas un Conseil ordinaire ; la question était tellement importante pour eux qu’ils ont tenu un Conseil extraordinaire), à ces membres du gouvernement qui ont adopté le projet de loi que l’Assemblée nationale devrait examiner le 30 octobre, à ces députés qu’on a hébergés royalement dans un hôtel pour leur permettre d’être dans les conditions idéales pour voter cette loi modifiant l’article 37. Donc, c’est cet aéropage de personnalités qui ont aidé Blaise Compaoré non seulement à initier l’acte mais surtout à chercher les voies et les moyens pour faire sauter l’article 37 qu’il faut sanctionner au même titre. L’ensemble de ce personnel politique est responsable au même titre, au même niveau et devrait être sanctionné avec la même rigueur. Donc, ce qui a été fait par le Conseil constitutionnel, c’est simplement de dire le droit, en conformité avec les textes qui gouvernent notre République et en tenant compte des instruments juridiques internationaux auxquels notre pays a adhéré. Donc, c’est vraiment une situation normale.

Ce que je veux dire, par rapport aux candidats qui ont osé la témérité et la provocation, ils devraient avoir pitié de notre peuple ; ils devraient avoir pitié du peuple burkinabè (qu’ils cherchent par ailleurs à diriger) parce que, si nous avons abouti à l’insurrection des 30 et 31 octobre 2014, c’est bien de par leur faute. Et aujourd’hui, se lever et vouloir être candidat, alors que le peuple n’est pas amnésique, alors que les plaies ne sont pas encore complètement guéries, alors que les braises couvent encore (bien qu’on peut considérer que la flamme est éteinte) nous, nous disons que ce qui leur arrive est la juste récompense de leurs efforts. Nous, nous souhaitons que les uns et les autres comprennent, par humilité et par décence, prendre du recul (se cacher même) et laisser passer l’élection de 2015 et se repositionner pour la période à venir ! Dans la vie, on dit qu’il faut savoir reculer pour mieux sauter. Donc, nous nous sommes d’avis que les sanctions qui ont été prises sont conformes à nos textes et répondent aux aspirations de la population qui s’est insurgé les 30 et 31 octobre et qui réclamait le changement et l’alternance. Et je pense que ces décisions aussi rendent service aux partis concernés, parce que nous savons que dans l’organisation d’un parti, il y a plusieurs possibilités. S’il y a des gens qui sont ciblés par cette décision, on n’avait pas besoin d’être candidats parce que d’autres cadres de leur parti auraient pu assumer la responsabilité, le temps que eux ils recouvrent une nouvelle virginité. En mooré, on dit que c’est celui qui se presse qui achète la tête du chien ; les bonnes parties-là même vont être distribuées ! Donc, nous, nous voyons que le peuple burkinabè est mur, il sait ce qu’il veut : c’est la paix, c’est la stabilité, c’est la sécurité. Et il les aura avec l’organisation d’élections inclusives, équitables, transparentes le 11 octobre 2015. Et quand nous disons « inclusives », le processus électoral l’est vraiment au Burkina. Il y a des règles qu’il faut respecter et c’est cela qui fait que le Conseil constitutionnel a dit le droit et rien que le droit. 

Nous, nous croyons au peuple burkinabè qui a trois valeurs qui font de lui, un peuple différent des autres. D’abord, c’est un peuple qui pardonne (mais n’oublie pas). Ensuite, c’est un peuple qui tolère et, enfin, les Burkinabè sont un peuple patriote. Si bien que les états d’âme particuliers et personnels, il n’en a cure".



28/08/2015
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